Les Charlots
Les Charlots - Roule roule songtekst
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Le jeune conducteur du train de marchandises Qui va de Saint-Brieuc jusqu'à Romorentin, Transportant du charbon, du poisson, des cerises, Ce conducteur disait : "J'avais le gros béguin Pour la garde-barrière de Bouilladin-Sur-Grive." Et chaque fois qu'il passait au passage à niveau Hop ! Il ralentissait sa grosse locomotive Pour lui chanter cet air issu de son cerveau : "Roule, roule, mon joli train Je sens rouler aussi mon âme et ma cervelle Grince, grince, grincez mes freins Je sens grincer mon coeur pour toi, pour toi, ma belle." N'pouvant lui jeter des fleurs, il lui jetait du charbon... Tandis que rougissante, elle comptait les wagons "Roule, roule, roule toujours Roule et grince, beau train d'amour...." Un matin qu'il filait à vingt-et-un à l'heure Il pensa : " La fortune sourit aux audacieux." Au passage à niveau, là, devant sa demeure, Il freina, descendit et dit l'oeil comateux : "Je vous aime, je vous aime, je ferais des bêtises." Elle restait pantelante. Il reprit : "Croyez-moi. Nous irons à Paris, sur mon train de marchandises." Elle oubliait de fermer sa barrière en bois. Roule, roule train pas pressé Mais là-bas sur la route le drame se développe. Grince, grince, freins mal graissés. Une petite rosingarde conduite par un vieux myope S'engouffre dans le passage pulvérisant le train... Mais sans se rendre compte continue son chemin Roule, roule, train de malheur Roule tête du conducteur. D'un chaos de wagons, le talus se tapissent Les cerises, le charbon, les pieds du conducteur. Un crie monte : ce sont les poissons qui gémissent Et la garde-barrière sanglote de terreur. Nouvelle Salomé, elle court, elle saute Ramasse la petite tête de son cher adoré. Elle baisotte ses moustaches lui disant : "C'est ma faute Si t'es mort en service et le train défoncé." Roule, roule train de malheur Maintenant le tocsin sonne dans les villages Grince, grince freins de mon coeur De partout on accourt, elle pousse un cri sauvage. Après bien des recherches au bout d'une heure ou deux On la r’trouva morte dans le wagon de queue Roule, roule, train de ferraille Elle avait avalé... un raiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiil !