Julos Beaucarne
Julos Beaucarne - Lettre à kissinger songtekst
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Il y a des centaines de silences qui assassinent Pendant des siècles et des siècles Nos oreilles sont là pour nous tenir éveillés Il y a des réveille-matin qui sonnent comme des clairons Il y en a peu qui chantent des berceuses Je veux te raconter, Kissinger, L’histoire d’un de mes amis Son nom ne te dira rien Il était chanteur au Chili Ça se passait dans un grand stade On avait amené une table Mon ami qui s’appelait Jara Fut amené tout près de là On lui fit mettre la main gauche Sur la table, et un officier D’un seul coup avec une hache Les doigts de la gauche a tranchés D’un autre coup, il sectionna Les doigts de la dextre et Jara Tomba, tout son sang giclait Six mille prisonniers criaient L’officier déposa la hache Il s’appelait p’t-être Kissinger Il piétina Victor Jara "Chante!" dit-il "Tu es moins fier" Levant les mains vides des doigts Qui pinçaient hier la guitare Jara se releva doucement "Faisons plaisir au commandant" Il entonna l’hymne de l’U De l’Unité Populaire Repris par les six mille voix Des prisonniers de cet enfer Une rafale de mitraillette Abattit alors mon ami Celui qui a pointé son arme S’appelait peut-être Kissinger Cette histoire que j’ai racontée, Kissinger, ne se passait pas En quarante-deux mais hier En septembre septante-trois