ça m’est revenu l’autre matin
on parlait de tout et de rien
je nous revois dans les jardins
derrière l’école tu te souviens
toit tu sortais des épinoches
vivantes du fond de ta poche
et tu les avalais tout’ crues
personne ne l’a jamais cru
moi j’me souviens je t’apprenais
à reconnaître un sansonnet
et toi tu me parlais wallon
on n’pouvait pas à la maison
quand on avait l’après-midi
alors c’était le paradis
on allait voir les avions
autour du champ d’aviation
on lisait “tintin sur la lune”
et on rêvait d’exploration
si les parents avaient voulu
on aurait la télévision

ça m’est revenu l’autre matin
on parlait de tout et de rien
je nous revois dans les jardins
derrière l’école tu te souviens
et maintenant je t’imagine
n’importe qui c’est si facile
tout’le monde ressemble si bien
à sa voisine ou son cousin
je vous trouve d’une tristesse
à faire peur aux engoulevents
où est passé votre jeunesse
où vous marchiez droits dans le vent
chacun au fond de sa prison
tout est bouché à l’horizon
y’a plus rien que tu veuilles savoir
et plus personne ne vient te voir
tu joues au tiercé solitaire
et c’est ta dernière illusion
quand tu t’regardes dans ton verre
ou bien dans ta télévision

ça m’est revenu l’autre matin
on parlait de tout et de rien
je nous revois dans les jardins
derrière l’école tu te souviens
où sont passés les vieux vergers
et les prairies bordées de haies
willy, pierre, paul et compagnie
où est passée la wallonie
autour du champ d’aviation
dans les champs y’a plus de perdrix
dans les rivières plus de poissons
il est temps que l’on se réveille`
il est temps que l’on se rappelle
la joie qu’on avait dans les yeux
quand on était trois fois moins vieux
willy, pierre, paul et compagnie
et pour demain la wallonie
faut qu’on laisse les souvenirs
et qu’on invente une avenir