je lui parle de’mes amours, d’mes voyages
elle pense aux grand-rues de lisbonne
quand elle me voit faire mes bagages
elle trouve le temps monotone
elle se penche un peu à la fenêtre
elle regarde passer les gens
il y en a qu’elle doit reconnaître
ils n’ont l’air ni heureux ni méchants

elle est aussi bien ici peut-être
entre deux cactus et une chaise
elle passe son temps à la fenêtre
la petite plante portugaise

parfois quand un avion décolle
passant juste au-dessus des maisons
elle voit un sentier une école
des enfants courant dans les buissons
quand elle entend rire les mouettes
elle voit le bleu de l’atlantique
les embruns et le vent qui fouette
l’océan parfois devient tragique

elle est aussi bien ici peut-être ...

elle pense aux chemins de campagne
aux sabots et aux roues de charrette
elle pense au soleil, aux montagnes
il y a des jours où rien ne l’arrête
elle y a d’la famille sûrement 
à Lagos, à Porto à Lisbonne
mais il pleut tellement rarement
les nouvelles ne sont pas toujours bonnes

elle est aussi bien ici peut-être ...

demain j’la mettrai dans mes bagages
entre mes tartines et mon thermos
j’lui f’rai faire pour de bon mon voyage
d’ici à la station de métro
puis j’lui trouverai un coin tranquille
quelque part au long de l’avenue
qu’elle pense un peu moins à notre exil
nos rêves nos paradis perdus.

elle deviendra un arbre peut-être
en se sentant ainsi plus à l’aise
moi j’la regarderai par la fenêtre
la petite plante portugaise