jean messagerie vivait tout seul
entre deux chênes et un tilleul
à deviner dans les nuages
le vent le soleil et l’orage
il vivait seul il vivait bien
il savait tout il savait bien
du bouturage ou du tricot 
à la culture des haricots
il vous parlait de ses carottes
de ses lapins de ses marottes
de l’argile et de la santé
et vous disait sans méchanceté
si jamais vous avez besoin
de renseignements pour vos jardins
vous n’avez qu’à de me le dire

jean messagerie vivait tout seul
entre deux chênes et un tilleul
à deviner dans les ombrages
les bretelles et les corsages
il vivait seul il vivait bien
il savait tout il savait bien
non seul’ment tout c’qu’il avait vu
derrière les haies ou les talus
mais en r’pensant à ses trois femmes
qu’il attelait comme des ânes
devant toutes les charretées
il vous disait l’air exalté
si vous aviez besoin un jour
de renseignements pour vos amours
vous n’avez qu’à de me le dire

jean messagerie vivait tout seul
entre deux chênes et un tilleul
à guetter les scènes de ménage
les marchés les bavardages
il vivait seul il vivait bien
il savait tout il savait bien
qui avait volé l’an d’avant
les trois poules du grand fernand
les mensonges les duperies
les braconniers les galanteries
les méfiances les vanités
et vous disait sans méchanceté
si jamais vous aviez besoin 
de renseignements sur vos voisins
vous n’avez qu’à de me le dire