et les yeux des enfants, qui soudain nous regardent
et les yeux des enfants , dites qu’en faisons-nous ?
et cette vérité qu’au fond du ventre ils gardent 
comme un oiseau blessé quand leur gorge se noue ?

face à nos lâchetés et face à nos mensonges
a nos férocités, à nos intolérances
a ce vide oppressant qui encombre les songes
et qui rouille les cœurs en imposant silence

oui, ce sont nos enfants qui soudain nous regardent
oui, ce sont nos enfants , dites que faisons-nous 
de cette vérité qu’au fond du ventre ils gardent 
comme un oiseau blessé quand leur gorge se noue ?

que dire alors, que dire, des yeux remplis d’effroi
des enfants de bopahl, de gaza ou d’ailleurs
perdant leur innocence dans le cynisme froid
de ce monde cruel qui se dit le meilleur

et leurs yeux sont si grands qu’on dirait une fresque
fresque de puits béants figés sur les photos
et leurs yeux sont si grands qu’ils nous aval’raient presque
il nous vient de penser « dieu, que ces enfants sont beaux ! »

les yeux de ces enfants, comme autant de fenêtres
et d’espoir et de paix, braquées sur l’horizon
les yeux de ces enfants qui pourtant devraient-être
si seul’ment on voulait, les yeux de la raison !