Autour de la grande table, le verre à la main
Au café du coin
Ils écoutaient silencieux l'accordéoniste
Qui jouait pour eux
Ils étaient vêtus de bleu
Pantalon de velours, casquette sur les yeux
L'un revenait de Marcoing
L'autre de Saint-Quentin
Les mariniers

L'Escaut, pendant ce temps-là
Caressait ses rives
Sous l'épais brouillard qui recouvrait Termonde
Et le vent du Nord
Qui soufflait dehors
Emportait au loin l'air d'accordéon au-delà de Termonde

Autour de la grande table, ils ont parlé longtemps
D'écluses et de chalands
Et aussi d'un certain Franz qui naviguait, je crois
Du côté d' Rotterdam
J'étais entré par hasard dans ce café banal
Où coulait la bière
Et c'était la première fois que je côtoyais
Des mariniers

L'Escaut, pendant ce temps-là
Caressait ses rives
Sous l'épais brouillard qui recouvrait Termonde
Et le vent du Nord
Qui soufflait dehors
Emportait au loin l'air d'accordéon au-delà de Termonde

Autour de la grande table, ils m'ont invité
À boire, à trinquer
Nous avons parlé du temps, de l'hiver dernier
Et de leur métier
Le plus âgé naviguait avec un chargement
De blé et de froment
L'autre s'en allait à Gand
C'était de braves gens
Les mariniers

L'Escaut, pendant ce temps-là
Caressait ses rives
Sous l'épais brouillard qui recouvrait Termonde
Et le vent du Nord
Qui soufflait dehors
Emportait au loin l'air d'accordéon au-delà de Termonde

Autour de la grande table, après le dernier verre
On s'est levés
Et en sortant du café dans le vent glacé
On s'est séparés
J'ai regardé bien longtemps s'éloigner leurs chalands
Dans le mauvais temps
Ils me faisaient leurs adieux d'un signe de la main
Les mariniers

L'Escaut, pendant ce temps-là
Caressait ses rives
Sous l'épais brouillard qui recouvrait Termonde
Et le vent du Nord
Qui soufflait encore
Emportait très loin l'air d'accordéon au-delà de Termonde