Au grand ciel violet
Parsemé d'oies sauvages
Qui survolent en juillet
La place sous l'orage
J'ai dit ton nom

À la campagne verte
Qui sentait bon le thym
De ma fenêtre ouverte
Où j'étais ce matin
J'ai dit ton nom

Ainsi qu'au lilas blanc
Dont le parfum discret
Attire l'ortolan
Au joli mois de mai
J'ai dit ton nom

Puis aux cerises rouges
Posées dans la corbeille
Près des groseilles où bougent
Encore quelques abeilles
J'ai dit ton nom

Au ruisseau argenté 
Coulant comme du plomb
Entre les peupliers
Dressés dans le vallon
J'ai dit ton nom

Devant le tapis jaune
Que faisaient les blés murs
À cette étrange faune
Qui rêvait d'aventure
J'ai dit ton nom

Au grand soleil orange
Qui fait jaillir la vie
Et dont les sœurs étranges
Se nomment galaxies
J'ai dit ton nom

Puis à la lune rousse
Qui me montre du doigt
Qui rit, qui m'éclabousse
De ses larmes de joie
J'ai dit ton nom

Auprès du berceau rose
De l'enfant endormi
Dont les paupières closes
Ont tremblé cette nuit
J'ai dit ton nom

Et au bon Dieu de cuivre
Que l'on a crucifié
Et qui semble revivre
Là, sur la cheminée
J'ai dit ton nom

Ainsi qu'à l'oiseau bleu
Qui sort de la ramure
Comme une flèche bleue
En transperçant l'azur
J'ai dit ton nom

Au gros piano noir
Qui se plaît à rêver
De Bach et de Mozart
Dans la salle à manger
J'ai dit ton nom

Dans la chambre lilas
En tournant les feuillets
De l’œuvre de Lorca
Ton livre de chevet
J'ai dit ton nom