Quand elle nous donnait une pomme
En nous disant "Va, mon bonhomme"
Pour l'école, on prenait le pas
En remerciant Rebecca
Elle avait pour nous, c'est étrange
Un pouvoir digne de louanges
Quand on se chagrinait parfois
Elle nous consolait, Rebecca

C'était le temps des années trente
C'était le temps où Rebecca
S'occupait de nous, complaisante
Depuis qu' maman n'était plus là
C'était le temps des années trente
Lorsque Ravel et Debussy
Hantaient les pianos la nuit
À Saint-Amand

Quand elle allait sous les ombrages
Pour y cueillir les fruits sauvages
Nous, on s'y cachait quelquefois
Pour y surprendre Rebecca
Quand on l'effrayait en hurlant
Elle riait de toutes ses dents
Et nous poursuivait en disant
Que nous étions des garnements

C'était le temps des années trente
C'était le temps où Rebecca
S'occupait de nous, complaisante
Depuis qu' maman n'était plus là
C'était le temps des années trente
Lorsque Ravel et Debussy
Hantaient les pianos la nuit
À Saint-Amand

Quand elle nous parlait des oiseaux
Qui fuyaient le long des canaux
Lorsque les brumes de novembre
Recouvraient les plaines de Flandre
Nos yeux d'enfant s'émerveillaient
Parfois aussi elle nous contait
Le récit beau et captivant
De Geneviève de Brabant

C'était le temps des années trente
C'était le temps où Rebecca
S'occupait de nous, complaisante
Depuis qu' maman n'était plus là
C'était le temps des années trente
Lorsque Ravel et Debussy
Hantaient les pianos la nuit
À Saint-Amand

Maintenant que je suis un homme
Le temps a passé et personne
N'a revu celle qui, le dimanche
Nous promenait en blouse blanche
Est-elle encore en existence
Ou bien est-elle morte déjà 
La Rebecca de notre enfance
Que ma mémoire n'oublie pas ?

C'était le temps des années trente
C'était le temps où Rebecca
S'occupait de nous, complaisante
Depuis qu' maman n'était plus là
C'était le temps des années trente
Lorsque Ravel et Debussy
Hantaient les pianos la nuit
À Saint-Amand