Sans doute étais-tu dans une impasse 
Où tu couvais depuis longtemps cet ultime effort
Les mots ne devaient plus te suffire
Et sourire n’était peut-être plus pour toi qu’un vague souvenir

Ta tristesse se sentait-elle ? 
Avais-tu confié ton angoisse ou ta détresse? 
Écoutait-on ta souffrance ? Avais-tu laissé des indices ? 

Peut-être que la vie t’était devenue plus qu’insipide 
Et que les rares saveurs que tu percevais encore ne faisaient plus que t’écoeurer

Peut-être que tu ne côtoyais plus que la solitude et la lassitude 
Et que la mort te hantait depuis longtemps
Peut-être l’as-tu vue à un moment te tendre la main
Et c’était pour toi la seule issue possible 
L’espérance d’un inconnu où les larmes amères ne seraient plus 
...À moins que tu voulais les devancer ? 

À un moment donné tu n’as plus eu la force d’avancer 
Et d’essayer d’y croire
Tu t’es laissé chavirer
De ce quai anonyme en cet étrange jour d’automne

J’imagine la stupeur autour de toi
Ceux qui avaient l’habitude de te croiser 
Se demanderont sans doute encore longtemps 
S’ils auraient pu prononcer l’une ou l’autre phrase 
Qui t’aurait éloigné de ce mystère intemporel
Vers lequel nous allons tous...