Vous le croisez en douche
En sortant du vestiaire
Dessinant sur sa bouche
L’air du prince des déserts
Le dragueur de piscine
Son bonnet en plastique
Surveillant sa pine
De peur qu’elle ne trique
Nage et frôle le corps
De dauphin des dauphines
Moulées en grand sport
Sous leurs peaux de feutrine

Malheureux de son sort
De pauvre homme bafoué
Qui guette sur le bord
Au milieu des bouées
Nourri par de grands rêves
Lui Tarzan viril
De formidables Eves
Les lagons bleus des îles
Il ne dit pas un mot
Il joue à la murène
Avec dans son maillot
Le chant des sirènes

Il rougit quand l’ondine
Se retourne brusquement
Il s’en va faisant mine
D’être un gentil flétan
Puis il nage par ailleurs
Cherchant indiscrètement
Celle qui aura l’heur
De ses doux attouchements
Timide touchant le fond
De sa solitude grasse
Il se voit le savon
De toutes ces poufiasses

Puis il verse une larme
Qui se noie dans le chlore
Toute sa vie le désarme
Il se sent comme un porc

Comme un poisson dans l’eau
Qui fait le même parcours
Il surnage penaud
En attendant l’amour