je l'ai vu l'autre jour là-haut sur la colline
je marchais dans les prés ne pensant pas plus loin
la lune se levait à peine clandestine
le vieux monde dormait là-bas sous les sapins

la terre tout autour était comme en satin
et le bois de sapins devenu un château
je serais bien resté jusqu'au petit matin
à compter les médailles sur son large manteau

il était comme mort et soudain si fragile
et le corps replié la tête entre les poings
un vent un peu trop fort secouait sa poitrine
et faisait trembler jusqu'aux ailes des lapins

moi j'l'ai entendu rêver tout haut je le jure
de pouvoirs de combats et du sang des humains
il en avait encore sur les mains je le jure
et même il souriait il me semble du moins

je l'ai vu l'autre jour là-haut sur la colline
je marchais dans les prés ne pensant pas plus loin
la lune se levait à peine clandestine
le vieux monde dormait là-bas sous les sapins

moi j'rêvais pas j'suis sûr je le connais trop bien
cet air à moitié saint qu'on croirait au bon dieu
qui vous gonfle d'espoir en vous tenant la main
puis vous mange le coeur dès qu'on tourne les yeux

j'l'ai tué de ma main j'l'ai tué de ma main
sans un cri sans un mot avec mon vieux couteau
je marchais dans les prés j'suis pas un assassin
et d'ailleurs le soleil s'est levé aussitôt

sortez de vos maisons sortez de vos cuisines
le vieux monde n'est plus qu'un cauchemar ancien
depuis que l'autre jour là-haut sur la colline
je marchais dans les prés ne pensant pas plus loin.