le train part, mais il ne monte pas
tout au bout du quai, la voilà
elle court et saute dans ses bras
ils sont heureux et ça se voit
on ne sait pas si ça durera
le scénario ne le dit pas
et moi je sors du cinéma
les yeux rouges et le coeur qui bat

le bonheur, le bonheur,
ça existe où ça n’existe pas,
on va pas s’mettre un procès sur les bras...

on a beau en parler beaucoup
on n’est jamais sûr de son coup
pourtant ça y ressemble bien
quand tu t’serres contre moi le matin
quand tes p’tits seins comme des oiseaux
viennent se nicher dans mon dos
et qu’on s’donne encore un quart d’heure
nos doigts tout à coup gambadeurs...

on dit qu’l’argent ne le fait pas
on dit, surtout n’vous en faites pas
s’il y en a dans les palaces
il se noie dans les seaux à glace,
mais sans doute que ça aide un peu
de n’pas devoir s’tirer les ch’veux
pour mettre dans la soupe un peu d’lard
ou du beurre dans les épinards

mais si l’argent ne le fait pas,
si c’est vrai qu’on n’l’achète pas, 
qu’est-ce qu’on avale comme idées fausses
pour quand même voir la vie en rose...
si tu veux ta part du gâteau,
tu peux toujours jouer au lotto,
et l’image du monde qui bouge,
c’est Mac Donald sur la place rouge...

je me demande ce qu’ils en pensent,
si pour eux soudain ça commence,
là où les fusils se sont tus,
est-ce pour ça qu’ils se sont battus?
là-bas sur la place Tien-Anmen
y’en a beaucoup qui ont dit amen,
va savoir ce qu’on leur a dit,
il a bon dos le paradis...

j’sais pas comment tout ça finit
dans l’scénario, c’est pas écrit,
j’crois plutôt qu’ça s’arrête pas,
y’a personne à la caméra,
chacun se fait son cinéma
puis pose son lapin et s’en va
sur la pointe des pieds un matin,
sans savoir comment on éteint...

le bonheur, le bonheur, le bonheur...