Au printemps 2004 je me rends ? une soir?e ? l'a?roport de Qu?bec. J'ai eu vent qu'une certaine Isabelle, cousine d'un ami, s'y trouve. Je ne m'explique pas ma nervosit? inhabituelle pendant le trajet qui m?ne l?. Je la vois de dos en premier: cheveux blonds presqu'aux ?paules, chandail noir, jupe gris p?le, souliers qui laissent voir ses orteils. Plus tard j'aper?ois son visage mais pendant moins d'une seconde. Je vois ses mains et ses avant-bras parcourus par des veines apparentes. Je lui en fais la remarque.

J'ai peut-?tre crois? son regard 2 ou 3 fois pendant toute la soir?e, pas plus. Elle est tr?s ind?pendante, parle peu. Je sens une ?nergie presque d?bordante en elle. Elle s'asseoit en face de moi, je vois l'int?rieur de sa cuisse droite. Elle en a conscience je crois. Je me demande m?me si elle ne fait pas expr?s un peu pour faire ?a, en v?rifiant si je regarde. Je cesse de regarder. Je saute sur une occasion pour la contrarier une fois. Sa r?ponse est imm?diate. Je me dis: mmm, on ne lui marche pas sur les orteils. Et je lui laisse le dernier mot bien-s?r. Je remarque et observe ses parents. A part le fait qu'ils l'aiment je d?tecte une esp?ce d'inqui?tude ou je ne sais trop en ce qui a trait ? leur fille. Je la trouve attirante, mais je sens quelque chose qui ressemble ? un risque. Risque de se br?ler au 4e degr? sur elle. J'aime particuli?rement ce genre de risque.

Le lendemain matin je lis le journal, j'arrive ? l'horoscope, je lis: vous ne croyez plus en l'amour et pourtant vous venez de rencontrer quelqu'un qui vous a renvers?. Je suis un peu surpris, m?me si je lis l'horoscope par plaisir seulement, sans vraiment y croire.

A la fin juillet je me rends au Nouveau-Brunswick au chalet d'un ami au bord d'un lac en sachant qu'Isabelle risque d'y ?tre. Je reste surpris en arrivant l?-bas de constater que c'est tout pr?s du lac Poh?n?gamook, l? o?, alors que j'avais 9 ou 10 ans, j'avais pour la toute premi?re fois ?prouv? quelque chose pour une fille. J'ai regard? le lac longuement en passant, me demandant o? pouvait se trouver l'endroit o? ?a s'?tait pass?. Je me suis fait une id?e approximative ? partir d'informations obtenues de l'ami avec qui je faisais la route.

Isabelle est arriv?e quelques jours plus tard. J'ai pass? 1 ou 2 jours avec elle mais nous ne nous sommes ? peu pr?s pas regard?s et les ?changes ont ?t? tr?s brefs mais toujours agr?ables. J'ai pris bien soin de ne jamais poser les yeux sur elle alors qu'elle ?tait en maillot ou autre tenue l?g?re. J'ai fait ?a pour 2 raisons: 1- ne pas tomber dans le pi?ge que beaucoup ont sans doute peine ? ?viter... l'approcher. Je savais tr?s bien que si je la regardais je la d?sirerais et que quelques bi?res ou du vin pourraient facilement me pousser ? m'approcher rapidement, beaucoup trop rapidement. 2- Je savais d?j? qu'elle avait un pouvoir, la capacit? d'attirer un homme avec une force que moi je qualifie de foudroyante. Je me demandais d'o? provenait cette force, je savais qu'elle l'exer?ait avec l'ind?pendance, l'indiff?rence mais d'o? elle provenait je ne savais pas. Alors pour pouvoir l'affronter ? armes ?gales j'ai d?cid? de ne pas regarder. Comme ?a je pourrais ?tre comme elle, froid.

J'ai fait expr?s une fois pour dire qu'un de ses amis ?tait meilleur qu'elle sur un wakeboard, pour voir sa r?action. Elle n'a rien dit et je me demandais si ?a l'avait piqu?e un peu. Je disais le contraire de ma pens?e puisqu'elle m'avait vraiment impressionn?. C'est une magnifique athl?te.

J'ai vu ma premi?re aurore bor?ale ? vie, toute blanche, spectacle impressionnant. Je me suis amus? ? la prendre comme un signe. Signe que je devais ?tre attentif et positif. J'ai vu une ?toile filante. J'ai fait le voeu suivant: si quelque chose doit arriver entre elle et moi je veux que ?a se passe tr?s doucement, j'aimerais aussi ?tre en mesure de lui apporter quelque chose.

J'ai cru sentir qu'elle s'est approch?e tr?s l?g?rement, subtilement, d'elle-m?me. Elle m'a touch? pour la premi?re fois quand elle a appuy? son ?paule droite sur ma gauche dans le bateau. Je n'ai pas boug? et elle est rest?e comme ?a pendant plusieurs secondes. J'ai remarqu? la douceur de sa peau imm?diatement. J'ai commenc? ? la trouver vraiment gentille, capable d'une douceur admirable. Mais habit?e par une tristesse que je n'identifiais pas. En r?ponse ? quelqu'un qui m'a demand? ce que je pensais d'elle j'ai dit que je croyais qu'elle cherchait quelque chose depuis longtemps et qu'elle n'avait pas trouv? encore.

J'ai pu l'observer un peu ? un feu le soir et je la trouvais charmante, elle me faisait rire. La fa?on qu'elle se tenait assise me donnait des pens?es sexuelles, elle est comme un peu sauvage, elle ne bouge pas comme les autres femmes. Un ami d'elle est arriv?, j'ai senti (encore, oui j'ai un bon nez) qu'il y avait quelque chose entre eux. L'ami h?te me confirma plus tard qu'il s'agissait d'un ex ? elle. Et qu'il ?tait possible qu'il y ait un esp?ce de "contrat d'entretien" qui existe entre eux. J'en ai profit? pour quitter cette nuit-l?. Pour aller faire un travail ? Montr?al que je devais faire rapidement si je voulais revenir avant qu'elle ne quitte. Je me disais aussi que le timing ?tait excellent, ca laisserait toute la place ? l'autre Charles sans qu'Isabelle n'ait ? se pr?occuper de ma pr?sence. J'ai d?velopp? un r?flexe au fil des ann?es et des rencontres qui me pousse ? m'?loigner quand je ne suis pas trop s?r de la situation -conjugale- d'une femme.

A mon retour l?-bas elle n'?tait pas pr?sente. Quand elle est arriv?e elle ne m'a pas regard?, par contre elle m'a touch? la main avec ses doigts pendant que nous ajustions un paravent. A un feu ce soir l? je me suis fais rire moi-m?me en passant mes l?vres (et ma langue) sur tout le tour d'un verre qu'elle venait d'utiliser. J'ai m?me r?ussi ? trouver la partie plus chaude qu'elle avait eue dans sa bouche juste avant de me le donner. Je me suis trouv? un peu tarla mais ?a me faisait rire.

J'ai pass? du temps avec elle, j'ai ador? la voir courir et retourner mes balles de tennis avec agressivit? parfois. Je la trouvait vraiment belle. Je lui ai dit qu'elle jouait bien, elle m'a fait un sourire, le premier. Quelqu'un de sa famille m'a parl? de la fa?on qu'elle ?tait avec les enfants. On dirait que ?a m'a conquis. Elle m'avait dit qu'elle en voulait au moins un. Je remarquais une chose cependant, ?a me faisait quelque chose quand elle partait. Je me disais que je commen?ais ? ?tre victime de son sooperNatural magnetizm. Je ne cherchais donc pas ? m'approcher d'elle, par contre j'?tais tr?s ouvert ? elle. J'ai cru encore remarquer qu'une partie de son attention se tournait doucement vers moi. Mais je pouvais me tromper, je ne savais pas comment elle ?tait avec les autres. Je n'avais pas d'exemple sous les yeux. D'ailleurs une femme qui la connait bien m'a fait remarquer un matin qu'elle trouvait Isabelle particuli?rement gentille avec moi. J'ai r?pondu que j'avais l'habitude de comprendre quelque chose d'une femme apr?s quelques jours mais qu'avec elle j'?tais toujours dans le noir.

Un soir ? la table en jouant ? un jeu j'ai cru qu'elle avait appuy? son menton sur mon bras gauche mais je n'ai pas regard? donc je ne peux en ?tre certain. Je me disais: grrr tu t'approches dangeureusement du loup sans savoir ? quel point il a la dent longue inconsciente femelle.

Je suis all? la chercher pour un tour du lac en v?lo. Je me suis dit que j'en profiterais pour la questionner un peu. J'ai volontairement orient? la conversation sur les relations de couple pass?es de mon c?t? et du sien pour essayer de la faire parler d'elle. Elle ne parle pas beaucoup. Je lui ai demand? au quart du trajet ce qu'elle pensait de la fid?lit?. Elle a commenc? une r?ponse avec: nous autres on... puis a recommenc?. J'ai pris du recul en v?lo quelques secondes et j'ai r?alis? qu'elle parlait n?cessairement de quelqu'un dans sa vie. Et sa volont? de ne pas le dire m'est apparue ?vidente puisqu'elle s'est imm?diatement reprise. Pourquoi? Garder toutes les portes ouvertes? Magasiner? Non ?a ne peut ?tre ?a, elle n'aime m?me pas s'acheter des souliers.

Elle m'annonce aux trois quarts du trajet qu'elle est frigide, je la fais r?p?ter pour ?tre certain d'avoir bien compris et pour regarder pendant qu'elle le dirait si elle pesait bien ses mots. Imm?diatement je pense: voyons-donc, t'as juste connu des gars qui ne connaissent rien aux femmes? Je me dis aussi que je suis certain que je r?ussirais, moi, ? la faire d?couvrir quelque chose (?videmment, qui penserait le contraire). Je me suis aussi senti triste puisqu'elle semblait tout-?-fait s?rieuse. Je ne voulais pas aborder le sujet sexuel avec elle, pas tout de suite. Et la questionner sur la frigidit? je tombe imm?diatement dans le sexe. Alors je lui ai r?pondu comme elle le faisait souvent: avec un silence. Je comprends aussi du coup d'o? vient son magn?tisme (the sooperNatural one). Si elle est vraiment frigide c'est qu'elle n'a jamais connu le plaisir. Et donc qu'elle n'est pas attir?e fortement vers les hommes ou peut-?tre m?me pas du tout. Elle ne semble avoir besoin de rien qu'on pourrait lui offrir. Ca la rend irr?sistible, avec toute la beaut? qu'elle poss?de.

1 ou 2 kilom?tres plus loin, j'ai profit? du fait qu'on venait de parler de l'autre Charles qui semblait ne pas ?tre -sevr?- d'elle pour lui dire que les femmes avaient toutes (? mon avis), ? un degr? diff?rent, le besoin de plaire mais que souvent, pour diverses raisons, elles veulent juste v?rifier, elles ne sont pas int?ress?es vraiment ? l'homme qui s'approche ou bien elles sont d?j? engag?es. Mais elles le laissent approcher quand-m?me. Jusqu'? ce qu'elles sentent bien que oui, effectivement, elles plaisent: il a craqu?. Aussi, que ce n'?tait pas agr?able pour nous, hommes, cette fa?on de faire. Je parlais pour moi en r?alit?, mais elle ne s'en doutait probablement pas puisque je n'?tais pas au courant pour son quelqu'un dans sa vie ? ce moment-l? dans sa t?te.

Quand je le lui ai demand? plus tard et qu'elle a confirm? qu'elle avait quelqu'un elle ?tait assise ? ma gauche et j'ai r?ussi ? accomplir un tour de force ? mon avis. Elle me demandait si j'avais ?tudi? la psychologie, l'air surprise que j'aie "devin?" l'existence de son amour. Je me disais: c'est pas vrai! Pas ?a! Elle n'est pas libre pour moi! En faisant non de la t?te pour r?pondre ? sa question. J'ai r?ussi ? ?chapper une larme sur ma joue droite seulement, pas la gauche, et ce en gardant les 2 yeux ouverts. Alors je crois qu'elle ne l'a pas vue.

Je me suis retrouv? devant une situation impr?vue. Si je restais l? je devais reculer avec elle. Parce que je ne l'encouragerai pas ? trop s'ouvrir ? d'autres alors qu'elle est d?j? avec quelqu'un. Je me suis simplement demand?: si ce quelqu'un arrivait ici demain, est-ce que ?a changerait quelque chose dans la fa?on dont se d?roulent les rapports que j'ai avec elle?  Devrais-je reculer? Un oui ?vident et imm?diat m'est venu. Je n'aime pas reculer. J'ai pr?f?r? partir.

La derni?re fois que je l'ai vue elle m'a appel? avec un nom que ma m?re utilise parfois. Je savais d?j? que je partirais ? la premi?re occasion, probablement sans lui dire. Quand elle l'a dit, dans ma t?te j'ai r?pondu je t'aime.