Hélène avait sa chambre à côté de la mienne
Le matin, j'entendais qu'elle ouvrait sa persienne
Et de mon lit, souvent éveillé à demi
Je lui criais "Hélène, bonjour, j'ai bien dormi"
Et le son de sa voix, c'est vrai, m'emplissait d'aise
Car nous avions grandi tous deux à Chanteclaise
La voyant davantage ravie, épanouie
Je trouvais chaque jour qu'elle était plus jolie

Quand je rentrais la nuit sans qu'elle ne pût m'entendre
Et qu'elle était couchée et dormait dans sa chambre
Sur la pointe du pied sans troubler son sommeil
Moi, je m'en revenais de faire danser les filles
Hélène n'entendait pas et vite me couchant
Je souriais déjà au mensonge présent
Sachant bien qu'au matin, éveillé à demi
Je lui dirais "Hélène, bonjour, j'ai bien dormi"

Et c'est dans cette chambre qu'elle mourut au printemps
Nous avons tous pleuré à son enterrement
Et quand chaque dimanche je vais au cimetière
Sur la tombe d'Hélène je fais une prière
Maintenant qu'elle n'est plus, je peux rentrer sans crainte
Sans troubler son sommeil, ce n'est plus comme avant
Oui, maintenant, je peux marcher d'un pas pesant
Car elle n'entend plus rien dans on lit d'à présent

Hélène avait sa chambre à côté de la mienne
Le matin, j'entendais qu'elle ouvrait sa persienne
Et de mon lit, souvent éveillé à demi
Je lui dis malgré moi "Hélène, j'ai bien dormi"
Mais elle ne m'entend pas de son lit d'à présent
Et quand je m'en irai à mon tour vieillissant
Oui, ce sera pour moi une habitude ancienne
Que de savoir ma chambre à côté de la sienne