L ‘arachne sorts ses terribles griffes
Et ses dix regards manaçants
Avec ses pattes noires aux longs tifs
Elle déchire l’insecte goulûment

Avec ses dents longues elle arrache
En craquant les pattes de l’insecte
Telle est l’araignée à la tâche
Elle se plaît des sucs qu’elle injecte

Une grande déesse sur sa toile blanche
Dans le silence de son coin noir
Qui belle et pieuse comme une nonne le dimanche
Dévore et jouit de sa victoire

Fileuse tisserande et princesse 
Des fils mous de son abdomen
A chaque fois c’est la même ivresse
Les bestioles meurent sans dire amen

Au bout du fil elle fait la sieste
Ou prépare les mailles du filet
Sa chambre est tapissée de restes
Son intérieur est doux coquet

Bonne mère aux trois mille rejetons
Tout blanc de leur cocon ils naissent
Pour garnir nos tristes maisons
De tapis de draps et de tresses

Je pleure la mort de mon ami
Dans cette cave il s’est pendu
Une toile sans nom l’avait détruit
Comme les insectes il s’est perdu

Rien à dire on n’y peut rien
Pas de vengeance et pas de guerre
La lutte à poursuivre demain
Je noie l’araignée dans ma bière

Y’avait rien à écrire
Y’avait rien à chanter
Dans ma boîte à délires
Qui s’était refermée

Je m’sentais numéro
Comme une vache à l’étable
J’ai posé mon stylo
Sur le bord de la table

Je me voyais de trop
Parmi les misérables
J’ai été au métro
Pour m’flinguer sous les cables

Les gens v’naient du boulot
Avec leur gros cartables
Je vivais dans un zoo
Plein d’animaux coupables

J’ai voulu faire le saut
J’en étais incapable
J’ai repris mon boulot
Et mon bic sur la table

Je suis r’tourné écrire
Ces paroles à chanter 
Et ma boîte à délires 
A de nouveau brillé