Salut, c'est moi, la Polonaise
Au cœur de marbre, au cœur de braise
Mais qui ne parle plus comme avant
Me voici lasse comme les veuves
Le soir, je traîne au bord du fleuve
Et je me jetterais bien dedans

Ils m'ont violée, immonde
À la face du monde
Et sous les yeux de mes enfants
Ils m'ont volé mon rêve
Le baiser de mes lèvres
Et mon amour en même temps

Salut, c'est moi, la Polonaise
Marquée au fer du chiffre treize
Un bâillon rouge entre les dents
Je porte en moi tous les hivers
Le goût cendré de la misère
Et l'espoir fou des pauvres gens

Ils m'ont couchée de force
Souillé la blanche écorce
Des bois de bouleaux au printemps
Ils ont cassé mon rêve
Ôté de moi la sève
Et mon amour est dans un camp

Salut, c'est moi, la Polonaise
Vous me voyez là sur ma chaise
Clouée, immobile et pourtant
Il chante en moi mille prières
Les champs de blé sous la lumière
Et les croix de fleurs au couchant

Ils ont brisé mon être
Mais je pourrais bien renaître
Comme la cendre sous le vent
{x 2:}
Ils m'ont brisée peut-être
Morte, je vais renaître
Et mon amour en même temps