Elle rêve les yeux grands ouverts
Dans sa maison de Marie-Claire *
Entre ses meubles de bois blanc
Ses plantes, ses coussins, ses divans
Elle boit du thé à la rose
Dans des tasses à fleurs émaillées
Elle soupire et prend des poses
À ses pieds dort un lévrier

Un bel enfant rond et bouclé
Joue dans un parc ensoleillé
Au pied d'un vieux puits à margelle
Au loin passe un vol d'hirondelles
Son mari peint sous la verrière
Ses longs cheveux noirs en arrière
Elle lui sourit tendre et docile
Il lui fait son portrait à l'huile

Ils sont beaux, très jeunes et ils s'aiment
Ils vivent en marge du système
Ils ont retapé leur chaumière
Pour pas un rond, enfin pas cher
Ils ont des amis à Paris
Qui les jalousent, qui meurent d'envie
De faire le grand saut, la rupture
Le retour à la vie nature

Elle lève les yeux brusquement
De sa "Maison de Marie-Claire"
Laisse ses meubles, prend ses affaires
Et sort du métro en courant